Albertine, en cinq temps
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Une pièce de
Michel Tremblay
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Mise en scène
André Brassard
a vie d’une femme à travers cinq périodes de sa vie. Une œuvre tout aussi originale que sensible et attachante. Une peinture des personnages chers à l’auteur.
Michel Tremblay revient au théâtre cette saison avec une création, trois ans après Les Anciennes Odeurs, créé en novembre 1981. Albertine, en cinq temps, d’une manière inattendue, renoue avec le cycle des Belles-Soeurs – particulièrement, si l’on fait référence à En pièces détachées (1966-1969) – bien que l’auteur avait annoncé la clôture de son premier cycle théâtral, lors de la création de Damnée Manon, sacrée Sandra en 1977… Mais peu importe cette dérogation à la petite histoire théâtrale, puisque cette nouvelle création dramatique est d’une grande intensité et vient jeter plus de lumière sur le destin singulier d’Albertine, fille de Victoire et mère de Marcel et de Thérèse (cf. Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges, 1980). Roman et théâtre continuent ainsi de s’interpénétrer: l’œuvre entière prend de plus en plus les allures d’une Comédie humaine, version québécoise ; Tremblay y tisse les mille et un fils d’une généalogie qui prend sa source dans la famille de Victoire/Josaphat Violon.
Filles de Victoire, Albertine et Madeleine, les deux personnages d’Albertine, en cinq temps, ont connu des vies parallèles diamétralement opposées : alors que Madeleine a, semble-t-il, filé le parfait bonheur – mais elle en parlera comme d’ « un p’tit bonheur médiocre » –, Albertine, par contre, n’a eu droit qu’à une existence frustrante, partagée entre la rage et la résignation, la culpabilité et la fuite (dans les « pelules »). Mais la force dramatique de la pièce ne tient pas tant à la confrontation des deux sœurs qu’à celle qui oppose, au fil des ans, Albertine à elle-même. C’est ici que l’auteur nous réserve une surprise : le personnage-titre a été fractionné en cinq figures dont les âges se distribuent, à des intervalles de dix ans, de 30 à 70 ans, entre 1942 et 1982. Formellement, cet éclatement injecte du dialogisme, un facteur de distanciation, dans le traitement psychologique et brise par conséquent l’unité du personnage théâtral conventionnel : on peut ainsi entendre les Albertine s’interpeller mutuellement alors que se déploie une dialectique qui confronte passé, présent et avenir en synchronie, puisque tous les « temps » d’Albertine se manifestent sur un même plan, celui d’une nuit d’août.
Pour Tremblay, Albertine est le portrait du destin tragique d’une femme. Elle a beau essayer, elle a beau vouloir, elle n’arrivera jamais à rien.
– André Brassard, metteur en scène
Par ce procédé, le récit de vie d’Albertine nous parvient par fragments et par allusions, dans un brassage incessant du temps et des perceptions émotives : chaque Albertine adopte une attitude qui rend inévitable les contradictions sur l’interprétation à donner aux événements narrés. Sur le mode narratif et lyrique – il n’y a pas d’action au sens strict –, la tension dramatique se nourrit des multiples résistances à la parole, sous forme de demi-vérités, d’aveux retenus et d’attaques de diversion ; cette peur de dire cède par à-coups, ce qui entraîne la libération de pans existentiels de l’une ou l’autre Albertine et conduit peu à peu celle-ci à se reconnaître. Madeleine, en confidente attentive, quasi maternelle, et aussi Albertine à 70 ans – privilège de son âge avancé ? – conduisent cette conquête de la parole qui passe par le dégorgement d’événements passés-présents jusqu’au bout : « Je veux te l’entendre dire à voix haute… », s’ordonne encore Albertine (à 70 ans).
Albertine, en cinq temps est une œuvre polyphonique, grave et drôle, et bouleversante. Dans les voix mêlées d’Albertine qui s’est perdue et se retrouve, se glisse tout le chant tragique de l’humanité souffrante : c’est à cette écoute, souvent implacable et néanmoins essentielle, qu’elles nous convient.
CONSULTEZ LE PROGRAMME DE SOIRÉE ICI
* Une coproduction du Théâtre du Rideau Vert et du Théâtre français du Centre national des Arts.
Mise en Scène
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Brassard
Distribution
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C Clémence Sgarbi
Dutil -
Garneau -
C André Panneton
Lafontaine -
C Daniel Kieffer
Marier -
C Robert Mailloux
Oligny -
Schmidt
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Une pièce de
Michel Tremblay
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Mise en scène
André Brassard
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Régie
Lou Fortier
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Concepteurs
Décors GUY NEVEU Costumes FRANÇOIS BARBEAU Éclairages MICHEL BEAULIEU Accessoires VICTOR ELLIOTT Perruques LOUISE LAMOUREUX Maquillages JACQUES LAFLEUR
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Graphisme
Gérald Zahnd
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Photos de production
© Claude Martineau
En tournée et en reprise !
Studio du Centre national des Arts, Ottawa
du 12 octobre au 10 novembre 1984
Théâtre du Rideau Vert, Montréal
du 14 mai au 1er juin 1985
Salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre de Québec, Québec
du 5 au 9 juin 1985
Théâtre du Rideau Vert, Montréal
du 20 au 31 mai 1986