arodie du théâtre et du comportement humain, faisant fi de la logique de l’action et de la vérité psychologique des personnages, La Cantatrice chauve, « anti-pièce », est le chef-d’œuvre de l’absurde et des impasses de langage.
Le langage y est en effet le héros principal, qui va en se désagrégeant jusqu’à la disparition. Les Smith, les Martin, le Capitaine des pompiers et Mary, la bonne, déballent un bouquet de banalités et de lieux communs, débitent jusqu’au vertige anecdotes, dictons, exercices de vocabulaire et de diction : « Quand je dis oui, c’est une façon de parler », « Dans la vie, il faut regarder par la fenêtre », « On ne fait pas briller ses lunettes avec du cirage noir » et d’autres de la même eau. Mais derrière cette dislocation langagière, c’est l’image de la société qui pète parce qu’elle n’est plus à la hauteur du jeu des apparences qu’elle a inventé. Une pièce sur l’impossibilité d’être soi, sur la dissolution de l’homme, sur une civilisation qui s’éteint dans la grimace. Un rire grinçant et somptueux.
Les cacaoyers des cacaoyères donnent pas des cacahuètes, donnent du cacao
Dans La Leçon, une élève bien intentionnée, qui ne connaît pas encore parfaitement le nom des quatre saisons mais qui sait que un et un font deux, souhaite passer le doctorat total. Mais Mademoiselle attrape un mal de dents, puis le mal se répand partout, quand le Professeur se met à abuser de son autorité et à la menacer du pire, voire de lui fracasser le crâne, « parce qu’elle ne veut pas apprendre, qu’elle est désobéissante ». Pourtant la Bonne avait servi son avertissement : « L’arithmétique mène à la philologie, et la philologie mène au crime. » La Leçon est une pièce contre le fascisme, contre le système, contre la dictature. Puisqu’il existe encore des régimes politiques autoritaires, ce « drame comique » conserve sa pertinence, son actualité.
Un programme double signé Ionesco, quel régal !
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* Le spectacle est commandité par Hydro-Québec.
** Dans La Cantatrice Chauve, six comédiens se donnent la réplique: Carl Béchard (M. Smith), Hélène Loiselle (Mme Smith), Jean Marchand (M. Martin), Markita Boies (Mme Martin), Christiane Proulx (Mary, la bonne) et Normand Chouinard (le capitaine des pompiers), tandis que dans La Leçon, la distribution ne comprend que trois comédiens : Normand Chouinard (Le Professeur), Violette Chauveau (la jeune élève) et Carl Béchard (La Bonne).
Mise en Scène
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Roussel
Distribution
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C Julie Perreault
Béchard -
C Andréanne Gauthier
Boies -
C Julie Artacho
Chauveau -
C François Lafrance
Chouinard -
Loiselle -
C Dominique Malaterre
Marchand -
C Claude Gagnon
Proulx
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Une pièce de
Eugène Ionesco
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Mise en scène
Daniel Roussel
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Assistance à la mise en scène
Claude Perron
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Concepteurs
Décors CLAUDE GOYETTE Costumes FRANÇOIS BARBEAU Éclairages CLAUDE ACCOLAS Accessoires JEAN-MARIE GUAY Environnement sonore DIANE LEBOEUF Chapeaux JULIENNE ARAS Perruques RACHEL TREMBLAY Maquillages FRANÇOIS CYR
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Photos de production
© Guy Dubois