Pour Lucrèce
15.10.62 14.11.62

Pour Lucrèce

  • Une pièce de

    Jean Giraudoux

  • Mise en scène

    Jean Faucher

P

our Lucrèce est profondément une tragédie. Ce n’est pas le mode d’expression verbale qui caractérise une tragédie, c’est la manière dont se conduisent ses personnages.

Quand les personnages, dans leurs conduites, n’hésitent pas à agir au delà de leur instinct de conservation, il y a tragédie. Autrement dit : une tragédie commence là où l’instinct de conservation disparaît. C’est le cas des personnages de Pour Lucrèce. Par passion, ils atteignent un niveau d’ivresse où il ne reste plus qu’à se détruire soi-même. Sur l’affiche on pourrait écrire: « Combat avec mise à mort. »

C’est donc une œuvre impitoyable, déchainée : un assaut au à la ligne d’arrivée, au cours duquel, toutefois, la pudeur de Giraudoux qui assure constamment le contrôle, sait éviter le pathétique. Tragédie non par l’expression, mais véritablement par l’action.

Pour Lucrèce appartient à la famille des tragédies car elle existe sous le signe de la Justice. Ce n’est pas pour rien, semble-t-il, que le mari de Lucille, l’héroïne, est Procureur de la Justice impériale. Il règne dans la pièce une atmosphère de Cour de cassation. Mais toujours par pudeur, Giraudoux place cette Cour de cassation sur le charmant, séduisant cours Mirabeau d’Aix-en-Provence. Il en fait une Cour de cassation dans un café; Cour de cassation dans une pâtisserie, pourraient dire les mauvaises langues.

Malgré cette atmosphère de miel qui baigne la ville d’Aix, toutes les lois de la tragédie sont cependant respectées: règlement de comptes, questions de droits, démesure passionnelle des principaux personnages, fissure réelle du héros. Lucille, cette Lucrèce de style Napoléon III, est l’héroïne de la Pureté, mais elle est atteinte, comme le roi Lear, comme Hamlet, d’une démesure, d’une fissure; une sorte d’horreur, de répulsion, de mépris de la vie véritable, laquelle ne peut se libérer de certaines scories nécessaires.

Pour Lucrèce, ou la tragédie de la Pureté.

Pour Lucrèce est encore une tragédie car elle se déroule à un niveau qui exclut toute sympathie. Sympathiques ou antipathiques, les personnages le sont tour à tour. En fait, il n’est plus question ici de sympathies. Il est question d’avoir raison, de se justifier. Les personnages pour eux-mêmes ont de justes raisons d’agir ainsi; ces raisons, il les exposent, elles sont leurs armes; mais qui aura raison d’eux tous : c’est la Vie. Et à la fin on entrevoit une délivrance, une utilité du sacrifice.

Bien que l’action se passe dans une atmosphère secrètement amère et déçue, le dénouement final apporte une profonde satisfaction, une inépuisable résonance.

Il y a des œuvres qui tournent en rond, qui « se mordent la queue »; il y en a d’autres « qui vont quelque part », c’est le cas de Pour Lucrèce.

La première présentation de Pour Lucrèce à Paris a eu lieu au Théâtre Marigny, avec la Compagnie Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault, le 4 novembre 1953. À Montréal, au Théâtre Stella, avec la Compagnie Le Rideau Vert, le 15 octobre 1962.

 

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Mise en Scène

  • Jean
    Faucher

Distribution

  • C Gaby
    Louis
    Aubert
  • Yvette
    Brind'Amour
  • C Pierre Manning
    Louisette
    Dussault
  • Françoise
    Faucher
  • C Archives ONF
    Germaine
    Giroux
  • Gilles
    Pelletier
  • C Louise Leblanc
    Gérard
    Poirier
  • Claude
    Régent
  • Raymond
    Royer
  • Denyse
    St-Pierre
  • André
    Valmy
  • Edouard
    Woolley
  • Une pièce de

    Jean Giraudoux

  • Mise en scène

    Jean Faucher

  • Concepteurs

    Décors ARAS Costumes RICHARD LORAIN Accessoires PIERRETTE CLAUDE

  • Visuel de l'affiche

    Cabana-Séguin

  • Photos de production

    Rémy, Henri Paul, Gaby

EN TOURNÉE

17 novembre 1962, au Théâtre Capitole de Québec